Il aura fallu attendre plus de 41 ans avant qu’une date soit officiellement arrêtée comme journée de commémoration pour un hommage aux morts de la guerre d’Algérie. Si elle ne fait pas l’unanimité dans certaines fédérations de certains anciens combattants, c’est désormais le 5 décembre que ce déroulera cette journée du souvenir.
A Savigny la section des CATM a tenu à se réunir, loin de cette polémique de date, pour rendre hommage aux morts, et plus particulièrement à Pierre Bost, le seul Savignois décédé lors de la guerre d’Algérie. Une délégation s’est rendue au monument aux morts pour y déposer une gerbe, accompagnée de M. Martinon, et de Paul Cormorèche président cantonal, puis s’est réunie pour quelques paroles et un vin d’honneur. Jean Moretton, président de la section CATM de Savigny, a précisé que dans les années à venir quelque chose de plus important sera organisé pour le 5 décembre au niveau cantonal : « ce soir on a été pris un peu de cours, et puis le 5 décembre n’est pas une journée de repos et chacun a du composer avec son temps pour pouvoir assister à cette cérémonie ». M. Moretton poursuivait en rappelant que plus de 2 millions de Français ont été concernés par ce conflit long de 10 ans ( Tunisie, Maroc, puis Algérie ) : « il y a eu beaucoup de blessés, dans leurs chairs, mais aussi dans l’esprit et il est difficile de définir un critère pour ce type de blessure… 40 ans après on ne sait toujours pas le nombre exact de morts pour la France, actuellement ils seraient 23 400, mais les chiffres s’orienteraient plus vers les 28 – 29 000, la encore le critère de mort pour la France n’est pas automatique et il faut faire de longues recherches avant d’attribuer ce critère à un soldat décédé en Algérie ». Sur la polémique actuelle concernant la date du 5 décembre, Jean Moretton précisait : « c’est la date désormais officielle, les autres dates ( le 19 mars pour le cessez le feu par exemple ), ne seront pas reconnues. Même si on ne sait pas très bien d’où vient cette date, hormis qu’il y a un an un mémorial a été érigé pour les ports de la guerre d’Algérie, il faut faire avec ». Comme l’a rappelé ce 5 décembre, Hugues Dalleau, président de l’union nationale des combattants : « Quelques camarades ne nous ont pas suivis ( en ce 5 décembre). Ils commettent une erreur car il ne s’agit pas de commémorer la fin d’une guerre ou un cessez-le-feu, mais simplement d’honorer nos morts ». Et 40 ans après n’est ce pas le plus bel hommage que l’on peut rendre aux Français qui sont partis pour « cette sale guerre », à tous ceux qui n’en sont jamais revenus, à tous ceux qui sont revenus mais avec des marques parfois invisibles à l’œil, et à leurs familles.
Isabelle Leca