La ministre déléguée
Journée nationale de commémoration de la Victoire et de la Paix
Hommage à tous les « Morts pour la France»
Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire
et des Anciens combattants
C’était il y a un siècle.
Ce 10 novembre 1920, la Grande Guerre est achevée depuis deux ans. Dans la citadelle de Verdun, Auguste THIN, soldat de deuxième classe et pupille de la Nation, dépose un bouquet d’œillets blancs et rouges sur le cercueil d’un soldat. Un parmi tous les combattants des Flandres, de l’Artois, de la Somme, du Chemin-des-Dames, de Lorraine, de la Meuse… Un de ces braves ! Un des poilus qui participa à une interminable guerre. Un de ces Français qui œuvra à la tâche incommensurable de la Victoire.
Un parmi des milliers qui est devenu le Soldat inconnu.
Le 11 novembre 1920, le peuple de France l’accompagne solennellement sous les voûtes de l’Arc de Triomphe. La patrie, reconnaissante et unanime, s’incline respectueusement devant son cercueil, en saluant la mémoire de tous les soldats morts sous le drapeau tricolore.
Quelques mois plus tard, il était inhumé. Depuis 1923, la Flamme du Souvenir veille, nuit et jour, sur la tombe. Chaque soir, elle est ravivée pour que jamais ne s’éteigne la mémoire. La sépulture du Soldat inconnu est devenue le lieu du recueillement national et le tombeau symbolique de tous ceux qui donnent leur vie pour la France. Cet anonyme représente chacun de nos morts et tous nos morts en même temps.
Cette mémoire vit également dans chacune de nos communes, dans chaque ville et village de France, dans chacun de nos monuments aux morts, dans chacun des cimetières, dans nos mémoires familiales.
Elle vit dans l’œuvre de Maurice GENEVOIX qui entre aujourd’hui au Panthéon. Le Président de la République l’a souhaité en l’honneur du peuple de 14-18.
Maurice GENEVOIX n’entre pas seul dans le temple de la Nation. Il y entre en soldat des Eparges, en écrivain et en porte-étendard de « Ceux de 14 ». Il y entre avec ses millions de frères d’armes, ceux dont il a immortalisé le souvenir, l’héroïsme et les souffrances. Il y entre avec toute la société, de la première ligne à l’arrière, mobilisée face à l’adversité et qui a tenu avec une admirable endurance.
8 millions de soldats combattirent sous les couleurs de notre drapeau, aucun d’entre eux ne revint totalement indemne. Des centaines de milliers furent blessés dans leur chair comme dans leur âme. 1 400 000 tombèrent au champs d’honneur. Nous ne les oublions pas. Inlassablement, nous les honorons.
Chaque 11 novembre, la Nation rend également un hommage solennel à tous les morts pour la France,
ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. Chaque année, nous rappelons leur nom.
Chaque 11 novembre est un moment d’unité nationale et de cohésion autour de ceux qui donnent leur vie pour la France, de ceux qui la servent avec dévouement et courage. En ces instants, au souvenir des évènements passés et aux prises avec les épreuves de notre temps, nous nous rappelons que c’est tout un peuple, uni et solidaire, qui fit la guerre, qui la supporta et en triompha.
Mesdames, Messieurs,
Il y a 100 ans la dépouille d’un soldat anonyme, mort au combat, était choisie pour être, quelques mois plus tard, inhumée sous l’Arc de Triomphe. Ce soldat est celui qu’on nomme aujourd’hui le Soldat Inconnu.
Inconnu aux yeux des autorités, sans doute, mais derrière ce terme « d’inconnu », n’oublions pas qu’il y avait un homme, connu de ses frères d’armes, de ses amis et surtout de sa famille.
Une famille qui a, à jamais, attendu son retour ; le retour d’un époux, d’un fils ou d’un père. Une famille, comme tant d’autres, confrontée à la souffrance de la disparition d’un être cher, sans savoir ni où, ni quand, ni comment il est mort. Un deuil impossible à faire à cause d’un espoir de le voir revenir, mêlé au désespoir des jours qui passent sans avoir de nouvelles et des multiples questions qui se posent.
Un inconnu, qui comme tant d’autres connus ou non, ont combattu pour défendre notre pays. Aucun village, aucune famille de France ne furent épargnés : partout les monuments aux morts sont là pour nous le rappeler.
Souvenons-nous que nous devons la paix et la liberté, dont nous jouissons aujourd’hui, à ces 1,4 millions d’hommes qui ont laissé leur vie dans cette guerre. Tous sont des héros, ne les oublions pas. Ils ont combattu et affronté l’horreur pour l’amour de leur patrie, dans l’espoir d’un monde meilleur. Ceux qui en sont revenus sont restés à jamais marqués dans leur corps et dans leur âme par cette terrible épreuve.
Il n’y a plus de témoins directs pour raconter cette tragédie, exprimer la souffrance vécue et transmettre le souvenir. Pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise plus il importe donc de se souvenir et d’entretenir ce devoir de mémoire. Si cette journée de commémoration est l’occasion de se rappeler des événements de notre passé, elle doit être également l’occasion de songer à notre futur et à la manière d’y rester en paix.
A l’heure où nos sociétés traversent diverses crises rappelons-nous que la paix se mérite, qu’elle ne se décrète pas mais qu’elle ne peut se construire qu’ensemble, dans la tolérance, la défense des valeurs démocratiques, l’éducation et non pas dans l’isolement ou le repli sur soi.
Vive la France ! Vive la République !
Et Vive la Paix entre les peuples !